• Je m'exclame :

     

    - Alors c’était toi ? Je me suis demandé qui pouvait avoir peur du désert !

    - En fait, mon père et ma mère on été exilés quand ils étaient jeunes. Du coup, je suis né dans le désert mais ils ont estimé que je devais avoir une chance d’avoir une vie normale. Alors ils m’ont fait entrer clandestinement dans la Ville et maintenant j’habite chez mon oncle et ma tante.

    - Oh, je vois…

     

    Priss arrive à ce moment là et vient vers nous.

     

    - Alors, vous vous êtes débrouillés comment ? lance-t-elle.

    - Plutôt bien, je répond en souriant. C’était quoi ta peur ?

    - Tuer ma famille…

    - Mais c’était ta famille ?

    - Oui, pourquoi ?

    - Pourquoi ais-je vu mes cousins et mes voisines, dans ce cas ?

    - Ils ont pris des gens à qui on tenait, sinon on aurait pas été motivés, m’explique Priss. Et toi, Théo, c’était quoi ta peur ?

    - Heu… la peur de l’exil.

    - Vraiment ? Pourquoi ?

    - Priss… Je ne suis pas sûre qu’il veuille en parler.

     

    Alors je le vois s’en aller furieux. Je reste plantée là, les yeux ronds. Mais qu’est ce que j’ai dit ?

     

    - Vraiment bizarre, ce type ! soupire mon amie.

     

    Elle a bien raison. Nous attendons en bavardant que tout le monde ait fini, puis Tom nous annonce que nous pouvons regagner le dortoir.

     

     

     

     

    C’est notre dernière nuit ici. Demain, nous verrons notre classement et nous pourrons rentrer chez nous. Je m’endors paisible. Je suis plutôt confiante, maintenant.

     

    Le lendemain, nous nous habillons dans l’excitation générale. Priss sautille sur place. Lyo est avec nous, il plaisante avec Ryan. De temps à autre, il lance un regard amusé à Priss, tandis qu'il me fait des clins d’œil. Je souris.

    Nous nous rendons dans la salle d’entraînement. Un écran géant a été dressé en face de nous. Priss me serre fort la main. Nous sommes conscientes que notre avenir va être joué maintenant. Pitié pour moi, je pense. Non. Pitié pour Elie.

    Tom fait un petit discours, en rappelant que seuls dix personnes auront la chance de devenir soldats à part entière. Puis, il affiche le classement.

     

    1er - Opale Portier

    2ème - Sole Jenner

    3ème - Jim Hawk

    4ème - Lyo Land

    5ème - Priss Cavell

    6ème - Théo Young

    7ème - Ryan Pole

    8ème - Gary Verney

    9ème - Perrie James

    10ème - Jane Beaumont

     

    Priss saute à mon cou. Je crie.

     

    - Priss, on a réussi, on a réussi !

     

    Je remarque ici et là des têtes déçues, qui se baissent mais aussi d'autres, heureuses.

    Tom demande à tous ceux qui ont échoué de partir. Puis il nous remet notre emploi du temps, ainsi que nos groupes.

     

    - Opale… Tu es la première. Tu vas donc devoir faire un travail un peu spécial. Tu viendras avec moi quand j’aurais réparti les autres. Sole, Jim et Lyo, vous faites parti du premier groupe. Vous allez vous occuper du quartier B. Priss, Théo et Ryan, vous êtes le second groupe. Vous patrouillerez dans le quartier J. Quant à Gary, Perrie et Jane, vous serez affectés dans le quartier P. C’est clair ? Bien. Vous êtes libres. Mais n’oubliez pas. Vous devrez venir tous les jours.

     

    Nous partons. Je croise Jim, qui me sourit et lance :

     

    - Bravo! Tu m’a dépassée… Finalement, je ne suis pas plus fort que toi !

     

    Je rigole.

     

    - C’est vrai que le premier jour, ma défaite n’était pas glorieuse…

    - Mais tu as progressé.

    - Oui !

     

    Puis, Priss et Ryan me dépassent.

     

    - Sole, on y va. On se voit demain, sûrement.

    - À demain !

     

    Et c’est Lyo qui arrive.

     

    - Félicitations, Sole.

    - Toi aussi !

    - Merci…

     

    Et là, sans me prévenir, d’une impulsion, il s’approche et m’embrasse. Ce n'est pas brutal, c'est même tout le contraire. Je ne pourrais imaginer un étreinte plus douce. Je ne fais rien, je reste là. Car je viens de comprendre. Moi aussi, je suis amoureuse de lui. Alors on continue de s’embrasser, encore et encore. Mais soudain, je me fige. Je viens de voir le train s’arrêter. Je cours jusqu’à lui en disant au revoir à Lyo. Je monte au moment où le train redémarre. Je vais m’asseoir sur un siège. Théo vient vers moi.

     

    - Je suppose que tu sors avec lui ? demande-t-il, visiblement de mauvaise humeur.

    - Oui, ça te pose un problème ?

    - Rien. Sinon… pourquoi tu m’a défendu devant ta copine après le parcours ?

    - Et bien, je pensais que tu n’avais pas forcément envie de crier sur les toits que tu étais Exilé… Au fait, ma « copine » s'appelle Priss.

    - Oui. Mais j’aurais très bien pu répondre tout seul ! Tu croyais que je n’en étais pas capable ?

    - Si mais… oh, et puis, désolée.

    - Voilà, c’est ça qui m’énerve ! Tu ne peux pas t’empêcher de t’excuser. Bon sang, mais arrêtes !

    - Très bien. Finalement je ne suis pas du tout désolée, je crache.

     

    Je lui colle une baffe et je m’en vais à l’autre bout du wagon. C’est quoi son problème ? Il ne peut pas se comporter normalement ? Il est toujours obligé de se mettre en colère !

    Le train s’arrête à notre station et nous sortons tout les deux, sans nous parler, sans rien.

    Je rentre chez moi. Enfin de retour à la maison. J’en ai plus qu’assez de cette attente. Maintenant que je sais que je suis sélectionnée, je vais enfin pouvoir me détendre. Mais c’est sans compter sur Kat, qui me saute dessus avant même que je passe la porte.


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  • Ce matin là, je prend le train, comme d’habitude. Théo ne m’a plus reparlé depuis le dernier jour de la formation. Il est là, quelques sièges plus loin mais on ne s’adresse pas la parole.

    Nous arrivons au Quartier des soldats. Lyo est là, il m’attend. Quand je sors, il me prend dans ses bras et m’embrasse.

     

    - On y va ? demande-t-il. Jim doit nous attendre.

    - Heu… deux minutes. Je veux demander quelque chose à Priss.

    - Je vois. Dépêche toi.

     

    Je m’avance vers le groupe de mon amie, d’où Théo me regarde, l’air mauvais.

     

    - Sole ! s’exclame Priss.

    - Salut… Je voulais savoir… quelles sont tes horaires ? On a peut-être la pause en commun.

     

    Mais nous regardons et constatons que ma pause est en commun avec celle de Ryan. Aujourd'hui, du moins.

     

    - Il paraît que c’est Jane qui se retrouve avec nous, lance ce dernier.

    - Je vois. Bon, il faut que j’y aille. A toute à l’heure !

     

    Je retourne vers mon groupe.

     

     

     

     

    Plusieurs jours sont passés, la routine du travail commence à se mettre en place. Le lundi, je mange avec Ryan et Jane. Le mardi, avec Théo et Perrie. Le mercredi, avec Priss et Gary. Le jeudi, avec Théo et Jane et le vendredi avec Ryan et Gary. Je suis déçue. Je n’ai qu’une seule fois une pause qui coïncide avec celle de ma meilleure amie.

    Aujourd’hui, nous sommes mardi. J'appréhende un peu l’heure de midi, car Théo et moi sommes toujours fâchés. Non que cela m’attriste, mais j'avoue que ce n'est pas très agréable.

    Pendant les patrouilles, le matin, tout se passe bien. Puis, viens le moment de manger. Je me dirige vers la cafétéria.

     

    Perrie est déjà là, Priss s’apprête à partir. Elle doit avoir sa pause avant Théo. Elle me salue brièvement avant de saisir son manteau et de partir.

    Pile au moment où il arrive.

    Au début, l’ambiance est franchement glaciale et ça me rappelle les repas pendant la formation. C'est drôle, cette époque me paraît lointaine, presque brumeuse, désormais. Pourtant, ce ne fait que peu de temps. Puis, nous commençons à bavarder, Perrie et moi. Théo ne se mêle pas de la conversation.

     

    - Et donc, tu es en couple avec Lyo, interroge Perrie à un moment.

    - Hum, oui.

    - Il a l’air sympa.

    - Tu rigoles ? objecte Théo. Je n’ai jamais rencontré aussi idiot que lui. Je ne comprends même pas comment il a réussi à avoir une place dans le classement.

    - Ça va, je sais que tu ne l’aime pas, je soupire. Pas la peine de t’énerver. En plus, Perrie ne t’a rien fait.

    - Non. C’est lui qui m’a fait quelque chose.

    - Ah oui ? Quoi donc ?

    - Il… commence-t-il, avant de se raviser. Non rien.

    - Quoi ?

    - Oh, c’est bon, lâche moi !

    - Pas de problème. De tout façon, je me fiche bien de ton avis.

    - Eh, Théo. Elle ne t’a absolument rien fait, c’est toi qui cherche les embrouilles, intervient Perrie.

    - Tais toi ! J'en ai assez, si à toutes les pauses on se dispute comme ça, je vais demander à changer d’emploi du temps !

    - Et ben tant mieux ! je crie. Comme ça, on sera enfin débarrassés de toi !

     

    Je prend mes affaires et je retourne dans notre zone de patrouille. Tout l’après-midi, je suis d’humeur exécrable. Je me défoule sur Jim et Lyo, qui ne m’ont pourtant rien fait et quand ce dernier essaie de m’embrasser, je me dérobe et lui colle une gifle. Il ne comprend pas tout de suite que ce n’est pas à cause de lui, puisqu’il me demande :

     

    - Qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce que je t’ai fait ?

    - Rien, désolée. Mais j’ai parlé avec Théo ce midi.

    - Il t’a dit quoi ? tressaillit Lyo, en faisant une tête bizarre pendant une fraction de seconde.

    - Il a laissé entendre qu’il ne t’aimait pas, que tu étais le type le plus stupide de la création et quand j’ai osé lui dire que tu ne lui avais rien fait, il a rétorqué que si, tu lui avais fait quelque chose. Mais il a refusé d’en dire plus.

     

    Je ne peux pas le jurer, mais je croirais voir une lueur de soulagement dans les yeux de Lyo.

     

    - Il ment. Je ne lui ai rien fait !

    - Je me doute, mais ce n’est pas son avis.

     

    Ce soir là, quand je rentre chez moi, j’évite encore Théo dans le train. Il vaut mieux, parce que je ne sais pas ce que je serais capable de lui faire après notre dispute de ce midi… Et le fait qu’il haïsse Lyo à tort n’est pas une circonstance atténuante.

     

     

     

     

    Je sors du train. J’essaye de ne pas penser à l’absence de Théo à notre station. Priss m’arrête avant que je rejoigne les autres.

     

    - Eh, je voulais te dire… J’ai vu Lyo ce matin…

    - Priss… on mange ensemble ce midi. Donc si tu pouvais me parler à ce moment là, ça serait mieux, parce que je vais encore être en retard…

    - Oups, oui. Au fait, Théo était dans ton train ? Parce qu’il n’est toujours pas…

     

    Je n’entends pas la suite, pressée de retrouver Lyo et Jim.

    Nous n’avons aucun ennui pendant les patrouilles, si ce n’est un vélo qui a foncé dans un piéton. Je vois arriver l’heure du repas avec soulagement. Il fait trop chaud, j’ai soif.

     

    Je salue brièvement Gary quand j’arrive au réfectoire, puis je m'installe avec lui en attendant mon amie.


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