• - Coucou ! lance Priss en arrivant.

    - Salut, je lui réponds.

     

    Gary lui adresse un signe de tête.

     

    - Sole, il faudra que je te parle.

    - Je sais, je sais. Mais on a encore le temps.

     

    Nous finissons de manger et je m’apprête à partir, quand Priss me retient.

     

    - Priss, je dois y aller.

    - Je sais. Oublie ce que je voulais te dire, on verra ça plus tard. Sauf qu’il faut peut-être que je te prévienne que Théo n’est pas là.

    - Comment ça ? Il n’a jamais été absent !

    - C’est bien ça qui est étrange. Et je crois qu’il n’était pas dans votre train, ce matin, si je me souviens bien…

    - Je ne sais plus… Mais au pire, on a dû vous attribuer un remplaçant, non ?

    - Oui, elle s’appelle Eria. Mais je m’inquiète pour Théo…

    - T’en fais pas pour lui, c’est pas un gamin, j’ironise.

     

    Puis je dis au revoir à Priss et je m’en vais. J’ai beau me forcer à ne pas y penser, la disparition de Théo me trotte dans la tête. Je décide de passer chez son oncle et sa tante après le travail. Après tout, peut-être qu’il est seulement malade.

     

    Je passe dans la chambre brièvement pour remettre à Elie les médicaments que j’ai acheté pour lui avant de rentrer. Bizarrement, Kat n’est pas là, alors qu’elle ne lâche d’habitude pas son frère des yeux. Quand je l’interroge, mon cousin me répond qu’il ne sait pas où elle est.

     

    - Bon, je vais demander à Lyna et Lathmee de te surveiller. J’ai quelque chose à faire. Même si je ne partirais pas longtemps.

     

    Je me dirige vers la chambre voisine.

     

    - Lyna ?

    - Oui ?

    - Tu pourrais garder Elie, pendant que je fais ce que j’ai à faire ? Kat n’est pas là et…

    - Oui, je l’ai vue descendre.

    - Ah bon ?

    - Oui, mais elle ne m’a pas dit ce qu’elle allait faire. Je n'ai pas insisté, ça ne me regarde pas. Enfin, bref. Je vais dans votre chambre.

    - Merci. Je ne serais pas longue, je crie en descendant les escaliers.

     

    Je me retrouve dans le hall d’entrée. Aya est assise à son bureau, comme d’habitude.

     

    - Que se passe-t-il, Sole ? Tu as l’air bien pressée.

    - A-t-on des voisins du nom de Young ?

    - Oh, non, désolée. A ma connaissance, il n’y a personne de ce nom dans le… attends. Peut être veux-tu parler des Pillor. Ils hébergent leur neveu depuis un moment déjà… Il me semble bien que son nom est Young.

    - Merci ! Où habitent-ils ?

    - C’est la maison d’en face. Celle aux volets gris.

     

    Je vois laquelle c’est. Une des rares maisons qui possède encore des volets. Je sors, pour aller leur rendre visite.

    Mais aussitôt dehors, le bruit d’une dispute se fait entendre. Les deux voix, je les reconnais bien. Kat… et Lyo ? Que fait-il ici ?

     

    - Katerine… je ne savais pas que tu étais de la famille de Sole…

    - Je ne m’appelle pas Katerine, lance l’intéressée.

    - Kat ? je demande, incrédule. Tu connais Lyo ?

    - Un peu que je le connais, ouais, répond-elle comme dégoûtée. Il était dans ma classe pendant toute ma scolarité, ou presque.

     

    Lyo acquiesce. Quand à ma cousine, elle me regarde, ébahie.

     

    - Lyo, qu’est ce que tu fais là ?

    - Je venais te voir, bien sûr.

     

    Il s’approche pour m’embrasser. Je le repousse.

     

    - Qu’est ce que tu fais là ?

    - Je viens de te le dire.

     

    Je le regarde, l’air mauvais. Pendant un instant, il m’apparaît comme dangereux, sans que je sache pourquoi. La façon dont il parle à ma cousine, peut-être. Où bien son air étrange sur le visage. Je me sens menacée.

     

    - Dégage !

    - Eh, je ne t’ai RIEN fait !

    - Pas encore. Dégage avant que je ne m’énerve.

     

    Je ne veux absolument pas qu’il se mêle de la disparition de Théo. Il ne doit surtout pas le savoir. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais je ne veux seulement pas qu’il vienne y fourrer son nez. J’attrape la première chose qui se présente, à savoir le sac plastique que Kat tient dans sa main.

     

    - Lyo. Déguerpis, ou tu te reçois ça dans la figure.

    - Et je suis sensé avoir peur ? rétorque-t-il narquois.

     

    Sans prévenir, je lui balance le sac. Il se le prend en plein visage. Sans un mot, il fait demi tour.

     

    - Merci de m’avoir débarrassée de lui, grogne Kat.

    - Pas de quoi. Il est têtu quand il veut.

     

    Kat veut me dire quelque chose, mais je lui fais signe que je n'ai pas le temps. Elle me lance un regard qui signifie « Ne crois pas que je laisse tomber cette histoire, on en discute quand tu rentres ». Puis, sans un mot elle retourne à l'intérieur. Bon. Je m’approche de la maison d’en face, je sonne. Une femme ouvre la porte.

     

    - Bonjour, je suis Sole Jenner, j’habite dans la maison d’à côté… Connaissez-vous Théo Young ?

     

    La femme sourit tristement.

     

     

    - Je suis sa tante. Malheureusement, si tu le cherches, il n’est pas ici.

    - Pas ici ?

    - Il n’est pas revenu hier. De son travail.

    - Vraiment ? Oh, non…

    - Que se passe-t-il ?

    - C’est justement ce que j’aimerais savoir.

    - Peut être qu’Ils l’ont enlevé…

    - Ils ?

    - Et bien… Théo est un Exilé.

    - J’étais au courant.

    - Et… il est revenu clandestinement dans la Ville. Peut être que les Dirigeants l’ont retrouvé et l’ont à nouveau exilé.

    - Oh ! Je pourrais connaître l’histoire exacte, s’il vous plaît ? Il m’a raconté que ses parents avaient été exilés et qu’il était né en dehors de la Ville, mais je n’en sais pas plus…

    - Bien sûr. dit-elle. Entre, je t'en prie.


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  • La tante de Théo me sourit.

     

    - Je te présente mon mari, Yan. Yan, voici Sole Jenner.

    - Enchanté, me salue-t-il.

    - Je m’appelle Aisling. Que veux-tu savoir exactement ?

    - Et bien, pour quelle raison les parents de Théo ont ils été exilés ?

    - En fait… nous même ne le savons pas. A l’époque, les Dirigeants ont dit que Bastien s’était rendu coupable d’un crime affreux, tellement affreux qu’ils ne l’ont pas révélé. Ils l'ont condamné à l'exil, lui et à sa femme. Un châtiment terrible et injustifié pour elle alors qu'elle au moins était innocente. Cependant, quand nous avons assisté à leur départ, Nelly ne cessait de répéter qu’il n'avait pas commis cette faute dont on l'accusait. J’aurais tendance à la croire, je n’imagine pas mon frère désobéir à la loi. Cependant… je ne sais pas trop quoi en penser.

     

    Je reste silencieuse. Si les Dirigeants n’ont pas dénoncé le crime de Bastien Young, c’est que ce n’était peut être pas très honnête…

     

    - Je suppose que si tu est venue nous voir, ce n’était pas pour ça, lance Yan.

    - En effet. Je m’inquiétais (arg !) pour Théo, parce que nous ne l’avons pas vu au travail aujourd’hui.

     

    Je vois la peur sur le visage d’Aisling.

     

    - Où est-il donc passé ? se demande-t-elle.

     

    Elle me sourit à nouveau.

     

    - Bon, je ne vais pas vous accaparer plus longtemps, je soupire. S'il y a du nouveau, je vous avertirais et si vous apprenez quelque chose, n’hésitez pas à venir, j’habite juste à côté!

    - Au revoir! crie la tante de mon collègue.

     

    Je retourne dans ma chambre. Aussitôt entrée, Kat m'inonde de questions.

     

    - Tu sors avec Lyo ? Lyo Land ? J’y crois pas ! hurle ma cousine.

    - Comment tu le connais ?

    - Pendant toutes mes années d'école, j'étais avec lui, je te l’ai déjà dit !

    - Et… alors ?

    - Et alors, c’était le pire gamin de toute le Centre. Il terrorisait tout le monde et j’étais sa victime préférée. Il m’appelait toujours “Katerine”, avec sa voix douce qui ne présage rien de bon. Mais qu'est ce que tu lui trouves ?

    - Eh, Kat ! Il est sympa, tu sais. Il a sans doute changé.

    - Lui, changer ? Je ne pense pas, non !

     

    Elle soupire.

     

    - Allez, Kat, c’est bon…

     

    Elle secoue la tête. Elle n’y croit pas.

     

     

     

     

    Ce matin, je vais au travail, tristement. Théo n’est pas revenu depuis quatre jours. Et je ne sais pas pourquoi JE M’EN SOUCIE AUTANT !

    J’arrive sur place, je rejoins mon groupe sans un mot. Jim me salue, il m’annonce que Lyo va être en retard. Nous commençons à patrouiller.

     

    - Eh, Sole.

    - Oui ?

    - Je… je trouve que Lyo est étrange, en ce moment…

    - Oh. Vraiment ?

    - Et bien… il me parait presque malfaisant, c’est bizarre. Dès fois, il sourit tout seul, je ne sais pas pourquoi, et à ces moments là, j’en ai presque peur… Heu… tu ne lui dira rien ?

     

    Je hoche la tête, distraite. Moi aussi, j’ai eu peur de lui sans savoir pourquoi quand il est venu chez nous.

     

    - Je vois ce que tu veux dire.

    - Sérieux ?

    - Oui. L’autre jour… et bien, je lui ai balancé un sac dans la tête. Je ne sais pas ce qui m’a pris, il m'a paru malfaisant, comme s'il cherchait à me nuire…

    Il s’apprête à dire autre chose, mais je lui fais brusquement signe que Lyo est derrière lui.

     

    - Salut ! Tout va bien ? Vous ne devriez pas être en train de travailler au lieu de comploter comme ça ? ironise-t-il.

     

    Nous nous séparons, sans que Lyo ait eu le temps de m’embrasser, ce qui n’est pas plus mal.

    Le midi, je retrouve Jane et Ryan. A peine ais-je eu le temps de m’asseoir que Ryan m’apprend :

     

    - Tu savais qu’Opale avait disparu, elle aussi ?

    - Non ?! Vraiment ?

    - Oui. Aujourd’hui, Marc le chef était bien embêté. Apparemment son travail ne peut être confié à personne d’autre. Il est sans doute secret…

    - Ça me dit rien de bon, ces disparitions…

    - A moi non plus, à vrai dire, soupire-t-il. A propos, je voulais te parler d’un truc…

    - Oui ?

    - Je trouve Lyo vraiment bizarre, ces derniers temps.

    - Ah, toi aussi...

     

     

    Il ne répond pas, mais me regarde, interrogatif. Voyant que Jane fronce les sourcils, je n’ajoute rien et je la désigne à Ryan d’un léger mouvement de tête. Il acquiesce.


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