• J'ai écrit ce poème pour un cours de français cette année. La prof nous avait demandé de nous inspirer de ce tableau:

    Voici ce que ça donne:

    Cet obstacle enfin surmonté

    Devant toi elle se dressera

    Impitoyable et survoltée

    Surtout ne la traverses pas

     

    Attends que porté par le vent

    Un navire arrive en voguant

    Embarque pour la croisière

    Au beau milieu de la mer

     

    Tu essuieras d’autres tempêtes

    Et ne te fie qu’aux blanches mouettes

    Elles seules connaissent le rivage

    Enfin tu trouveras la plage

     

    A cet instant ce sera la fin

    Tu sera maître de ton destin

    Mais si tu choisis de renoncer

    Dis adieu à ce dont tu rêvais


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  • Ils sont quatre. Quatre assis en rond dans la cour. Je m'arrête pour les observer. Il y a trois filles et deux garçons. Ils ont l'air très concentrés. La blonde abat son jeu sur le sol. Elle crie victoire. L'autre en face d'elle rit aussi. J'en déduis qu'elles sont en équipe et qu'ils jouent au Kem's. Les autres sont maussades. Ils sont visiblement en train de se demander quel était le signe de leurs adversaires.

    La troisième fille, une brune au cheveux courts, redistribue les cartes. Une nouvelle partie commence. Puis, quelques minutes plus tard, je vois la scène précédente se répéter. Les deux perdants pestent contre leurs voisines. Et une autre partie démarre.

    Au bout de trois ou quatre parties avec toujours l'équipe des deux filles gagnante, les joueurs d'en face sont énervés. Tellement énervés que l'un d'eux jette ses cartes au sol. L'autre les ramasse puis les mélange. A nouveau, il les distribue en quatre tas et à nouveau, la partie s'engage.

    Cette fois, elle est longue. la blonde et la brune ont l'air d'avoir des difficultés, sans doute un mauvais jeu. Et alors, le "miracle se produit" La petite brune de l'équipe adverse crie "Kem's". Elle se lève, victorieuse, suivie par son coéquipier. Les deux autres se regardent, perplexe. Puis elles regardent leurs jeux. Et éclatent de rire. Les gagnants se joigent à leur hilarité. Et là, j'aperçois deux six et deux valets dans l'un des jeux... et les mêmes cartes dans l'autre!

    Je regarde ma montre. La fin de la récré va bientôt sonner. Je me dirige vers les casiers et quitte les quatre joueurs qui continuent de rire.


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  • Il fait tout noir. Je sens un petit souffle de vent sur mon visage. Puis, soudain, je me trouve dans une prison sombre, humide et mal odorante. Je suis dans le couloir, pas dans une cellule. Quand je marche, les prisonniers me regardent de leurs yeux de criminels. Ils ne parlent pas. Ni à moi, ni entre eux. J'arrive au bout du couloir et le paysage change.

    C'est une île déserte, au crépuscule. Je marche sur le sable de la plage de l'île. Il est froid. La mer monte et redescend. Comme le premier lieu, l'île est totalement silencieuse. Soudain, un bruit assourdissant retentit au loin. Je plisse les yeux, et j’aperçois un gros cargo qui continue sa route, indifférent à l'île. Le vent souffle, et m'emporte à ma destination suivante.

    Je suis maintenant au sommet de la statue de la Liberté. New York est là, à mes pieds. Je ferme les yeux. Les rouvre, mais le paysage n'a pas changé. Je contemple les avenues, les taxis qui filent à toute vitesse, les gratte-ciels et les gens qui marchent dans la rue. Je me tourne vers la mer. Elle est calme, belle, ce jour là. Et alors que je m'émerveille, je ne vois plus rien. New York est partit, et moi aussi.

    Cette fois, quand le noir se dissipe, je me trouve dans un jardin. Un tout petit jardin. Il est associé à une grande maison et on y accède par une baie vitrée. Je m'en approche, pour regarder l'intérieur de la maison. Je vois cinq personnes, deux femmes et trois hommes. L'une des femmes est une jeune adulte blonde. L'autre, en revanche, est plus âgée et a des cheveux blancs. Deux des hommes sont en réalité des enfants, deux jumeaux bruns, adorables. Et le dernier leur ressemble aussi, mais il est plus âgé, il a sans doute dans les 30 ans.

    Alors, je prends conscience que je suis en train de rêver. Oui, car les cinq personnes que je contemple sont ma grand-mère Edith, ma mère Anna, mes deux frères Julien et Eliott et mon père, Léo. Et ils sont tous morts, la première de vieillesse et les quatre autres dans l'accident de voiture auquel moi seule a réchappé...

    Une larme roule sur ma joue, tandis que je me réveille, seule, dans ma chambre à l'orphelinat.


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  • The fray - How to save a life (vous allez comprendre pourquoi je mets cette chanson)

    Coucou les amis!

    Aujourd'hui je vais vous présenter une rédaction que j'ai fait pour un brevet d'entrainement avec ma prof de français et qui m'a valu 15/15!!! (OK j'en suis trop fière, j'avoue!)

    TEXTE DE DÉPART:

    "Chez la fleuriste"

    Un homme entre chez une fleuriste

    et choisit des fleurs

    la fleuriste enveloppe les fleurs

    l'homme met la main à sa poche

    pour chercher l'argent

    l'argent pour payer les fleurs

    mais il met en même temps

    subitement

    la main sur son cœur

    et il tombe

     

    En même temps qu'il tombe

    l'argent roule à terre

    et puis les fleurs tombent

    en même temps que l'homme

    en même temps que l'argent

    et la fleuriste reste là

    avec l'argent qui roule

    avec les fleurs qui s'abîment

    avec l'homme qui meurt

    évidemment tout cela est très triste

    et il faut qu'elle fasse quelque chose

    la fleuriste

    mais elle ne sait pas comment s'y prendre

    elle ne sait pas

    par quel bout commencer

     

    Il y a tant de choses à faire

    avec cet homme qui meurt

    ces fleurs qui s'abîment

    et cet argent

    cet argent qui roule

    qui n'arrête pas de rouler.

    Jacques Prévert

     

    MA RÉDACTION:

    Sujet d'imagination: Racontez cette histoire à la première personne, du point de vue de la fleuriste. Votre texte fera au moins deux pages.

    C'est arrivé quand j'étais en train de réorganiser la vitrine de mon magasin. Je me demandais ce qui irait le mieux avec un hortensia. C'était une matinée plutôt tranquille, il n'y avait personne dans la boutique. Du coup, j'en profitais. Et puis, il y a tant à faire, lorsqu'on est fleuriste!

    Soudain, le carillon avait retenti et il était entré. J'avais d'abord cru qu'il s'agissait de mon collègue, venant prendre la relève. Mais non, ce n'était pas lui. Cet homme m'était inconnu. Il était grand, brun et avait sans doute aux alentours de la cinquantaine. Cinquante-cinq ans, peut-être. Il a pris son temps pour choisir les fleurs. s'arrêtant devant chaque pot, comme pour réfléchir à ce qui conviendrait. Mais qui conviendrait à quoi? Peut-être voulait-il fleurir une tombe, mais pas avec un chrysanthème. Plutôt avec quelque chose de plus original, de plus coloré... Ou alors, c'était l'anniversaire de sa femme et il cherchait ses fleurs préférées. Ou encore, il était tout simplement invité chez des amis et il cherchait quelque chose d'approprié pour les remercier.

    Il me tira de ma rêverie.

    "Mademoiselle?"

    Je m'excusai et lui indiquai le prix. Il avait choisi des bleuets.

    "Savez-vous que le bleuet signifie délicatesse?"

    Non, il ne le savait pas. Je lui tendis les fleurs et il sortit son porte-monnaie pour payer. Je le regardais recompter l'argent. Et puis, il mit brutalement la main sur son cœur. Je vis son visage se crisper. Et il tomba.

    J'eus la sensation que la scène se déroulait au ralenti. J'avais l'impression de ne plus être moi-même. Ou alors, de ne plus contrôler mon corps. Je devrais intervenir, appeler les secours, mais je reste figée sur place. Je vois les fleurs par terre, inertes. J'entends le bruit de l'argent qui tape contre le carrelage et qui roule encore et encore. J'ai l'impression qu'il ne va jamais s'arrêter. Et puis, il y a le visage de cet homme: il a les yeux grands ouverts et, étrangement, il sourit. Je repense alors aux bleuets. On ne peut pas dire qu'il soit tombé avec délicatesse. Et il lâche son dernier souffle.

    Et puis, d'un coup, la tristesse m'envahit. Peu importe la personne à qui il comptait offrir ce bouquet, elle va être vraiment malheureuse. Surtout en apprenant qu'il comptait lui donner des fleurs.

    Il faudrait peut-être que je fasse quelque chose, au fait. Il ne peut pas rester là dans cet état. Mais par où commencer? Faut-il que je le porte jusqu'à l'arrière-boutique, que je ferme le magasin, que j'appelle les secours? Je me surprend pourtant à penser que si je laisse les fleurs par terre, elle risquent de s'abîmer, puis je me ressaisis. Il y a plus important!

    Je me résous donc à le porter dans la réserve. Je l'allonge délicatement sur le vieux canapé. Puis, je retourne vers le comptoir et pose la main sur le téléphone.

    Appréciation: 15/15 Un vrai régal... (mais elle ne pense pas à l'argent qui roule? Tu n'a pas choisi d'exploiter cette piste...)


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  • J'ai écrit cette nouvelle pour le concours "Histoires d'Iles", que mon département organisait, et malheureusement, il n'a pas été sélectionné! Donc je compte sur vous pour me dire les points que je devrais améliorer, car c'est mon récit le plus sérieux et je compte bien aller jusqu'au bout!

    D'abord, il y a moi. Leslie Cooper, quatorze ans. Un mètre soixante-cinq, châtain clair, les yeux verts. Un peu froussarde et timide, aussi.

    Ensuite, ma sœur, Shirley. Elle est mon opposé: téméraire, n'hésite pas à se fourrer dans des situations embarrassantes. De plus, elle est rousse aux yeux marron. Elle fait presque la même taille que moi. Elle a un an de moins, mais on est très complice. Plutôt rare, d'ailleurs, pour des filles de notre âge. Toute seule, je n'ai pas un brin de courage, mais avec elle, je suis aux quatre cents coups.

    Et, pour finir, mum et dad. Ces derniers entrèrent dans le salon un dimanche après-midi quand nous faisons nos devoirs, ma sœur et moi.

    - Les filles, nous avons quelque chose a vous annoncer.

    - Ah? Quoi donc?

    - Nous allons déménager en France.

    Je vous passe les hurlements de joie de Shirley, mes protestations et les aboiements de Lenny.

    Ah, oui. Lenny. Le dernier membre de la famille, un golden retriever du nom de John Lennon, alias Lenny. Il avait l'air d'avoir compris la conversation et s'en donnait à cœur joie.

    Durant les jours suivants, la maison fut sans dessus dessous. Shirley était toute excitée à l'idée de découvrir un autre pays; mum et dad s'occupaient des préparatifs, tandis que je ruminais ce projet seule dans mon coin. Je n'avais jamais aimé les séparations. Déjà toute petite, je pleurais à chaque fois que nous quittions nos cousins ou nos grands-parents à la fin des vacances pour retourner à la maison.

    Maintenant, j'allais devoir quitter mes amis, et tout cela pour quoi? Pour aller vivre sur une toute petite île du littoral français où dad était né.

    Enfin, une semaine après, nous visitions notre nouvelle maison au bord de la plage. L'île était superbe. Certes, le village ne ressemblait en aucun cas à Liverpool et il n'y avait pas de collège, ce qui nous obligerait à nous lever tôt pour arriver à l'heure: nous serions forcées de prendre le bateau, puis le bus. Mais, la maison ressemblait à une de ces villas de campagne; nous avions la plage en face de la rue et nous pouvions aller nous promener où et quand nous voulions aussi, nous étions heureuses.

    Les premiers jours ont été un bonheur complet. Comme nos parents jugeaient inutile que nous allions au collège alors qu'il ne restait que quelque jours de cours, nous faisions ce qui nous plaisait. Dès que nous avions un moment de libre, ma sœur et moi courrions pour atteindre la plage. Les jours les plus chauds, nous allions nous abriter dans les bois et nous jouions à cache-cache, comme lorsque nous avions six ans. Nous avons aussi visité les musées: le Musée Napoléonien et la Maison de la Nacre.

    Nous avons rencontré notre voisine, Mme Ménard, une charmante vieille dame chez qui nous avons passé beaucoup de temps à écouter des histoires. Parmi celles-ci, une étrange légende que nous lui avons demandé de nous raconter encore et encore. Ce récit décrivait l'histoire d'un jeune garçon qui, ayant perdu père et mère dans un naufrage, se jeta du haut d'un des phares de l'île d’Aix pour aller les retrouver. Elle ajouta que les soirs d'orage, le fantôme de l’enfant venait au village et que l'on entendait ses plaintes jusque tard dans la nuit…

    Un après-midi, alors que nous nous promenions Shirley et moi aux alentours du Fort Liédot, nous avons fait la connaissance d'un étrange jeune homme. Il était assis sur un rocher, les genoux dans ses bras et fixait l'horizon, immobile. Ma sœur prit la parole:

    - Salut!

    L’adolescent se retourna. Son visage était pâle. Il nous regarda pendant un moment avant de nous répondre d'une voix faible:

    - Je m'appelle Lucas. Et vous?

    - Nous, c’est Shirley et Leslie. Tu habites ici?

    Il hocha la tête. Puis, il nous désigna une forme sombre, dépassant des buissons.

    - Oui. J'habite ici.

    Nous sommes restées un bon moment avec lui, à contempler la mer. Nous nous demandions ce qui pouvait le fasciner ainsi.

    Le lendemain, quand nous sommes allées chercher du pain à la boulangerie, un nombre important de touristes avaient envahi l'île. La boulangère nous a appris que, dès les premiers jours de vacances, les touristes se précipitaient pour profiter du soleil. Shirley ni moi n'aimions les foules; aussi, nous préférions rester à l'écart. Alors que nous allions du coté de la forêt, nous avons vu arriver Lucas.

    - Bonjour, vous allez bien?

    Il donnait l'impression d'avoir beaucoup changé pendant la nuit. Il parlait plus volontiers et avait repris des couleurs. Il nous proposa de  visiter des endroits peu connus des touristes. Nous avons passé ainsi une très bonne journée.

    Les jours suivants, le nombre de randonneurs a augmenté brusquement. Nous avons essayé alors par tous les moyens de les éviter. Avec l'aide de Lucas, nous avons découvert des cachettes inimaginables et nous sommes restés à l'intérieur. Nous avons aussi visité le Musée Africain dont Lucas connaissait les moindres objets, les moindres collections, ce qui nous a impressionnées. Le lendemain, nous avons fait le tour de Fort Boyard en kayak. C’était génial!

    La semaine suivante, la voisine nous invita à prendre le thé.

    - Ah, bonjour les filles! Entrez, je vous en prie!

    - Bonjour Madame, fîmes nous en cœur.

    - Asseyez vous!

    Plus tard, la voisine nous demanda:

    - Dites-moi, vous êtes bien amies avec cet étrange jeune homme, Lucas.

    - Oui, en effet, répondit ma sœur. Pourquoi cette question?

    - Et bien, les gens du voisinage laissent entendre qu’il est… quelque peu étrange.

    - Comment ça?

    - Par exemple, M. Gauthier, un de mes amis pêcheur, m'a dit qu'un jour, le jeune homme se promenait sur le bord de mer. Mon ami l'observait quand, soudain, il a tout bonnement disparu.

    - Qui? Lucas?

    - Parfaitement. Bref, tout cela pour vous dire qu'il vaudrait mieux vous méfier de lui, reprit la voisine.

    - C'est entendu, merci!

    Puis, nous prîmes congé de Mme Ménard.

    Les jours suivants, nous décidâmes de demander aux villageois si eux aussi avaient vu ou entendu des choses étranges à propos de notre ami. Ainsi, certains nous confirmèrent les paroles de notre voisine. D’autres nous racontèrent aussi des évènements curieux. Selon la guichetière du Musée Africain, il n'était là que depuis fin juin, alors qu'il  prétendait habiter sur l'île depuis sa naissance. Nous ne prêtâmes pas attention à ces rumeurs, convaincues que Lucas était quelqu’un de bien.

    Un mois plus tard, un violent orage s'abattit sur l'île. Le soir, nous restâmes chez nous et jouâmes au cartes pour passer le temps. Plus tard, alors que je n'arrivais pas à trouver le sommeil, je me levai et regardai par la fenêtre. Le ciel était dégagé, du moins en apparence; cependant, des éclairs jaunes fluorescents zébraient le ciel de toute leur puissance. J'en vins à penser que cela devait être joli, vu de la plage. J'allais donc chercher mes habits et mon ciré et m'apprêtais à quitter la maison, quand l'escalier grinça. C'était Shirley.

    - Que fais-tu?

    - Je vais admirer l'orage sur la plage.

    - Je t'accompagne! Je n'arrive pas à dormir.

    Nous sortîmes. Alors que je m'apprêtais à fermer la porte, Shirley me prit le bras.

    - Leslie! Je viens de voir quelque chose bouger dans les buissons!

    - Ne t'inquiète pas, il ne va rien nous arriver, nous allons seulement à la plage!

    Soudain, un bruit me fit sursauter. Je me retournais brusquement. J'aperçus alors avec étonnement, le visage de Lucas sortir de l'arbuste.

    - Oh! Eh, Lucas, qu'est-ce-que tu fais là? lança ma sœur.

    Il ne répondit pas, mais se mit à courir. Nous le poursuivîmes. Il commença par prendre la direction de la plage. Une fois sur le rivage, Shirley s'écroula. Elle venait de déraper dans le sable et avait mal à la cheville. Je l'aidais à se remettre sur pied et nous nous remîmes à courir derrière notre ami qui avait pris de l'avance. Cette fois, il nous entraînait vers la forêt. Nous commencions à être fatiguées. Les branches nous lacéraient le visage et cette fois, ce fut moi qui trébuchai. J'étais tombée sur une racine et j'avais le visage tout égratigné. Ma sœur fut bien obligée de me soutenir et nous avançâmes en marchant, exténuées. A ce moment là, je crois que nous aurions dû abandonner.

    Nous arrivâmes au village. Alors que nous pensions qu'il nous avait semées, nous l’aperçûmes, effrayant. Le brouillard avait envahi les rues et il nous parut, plus blanc que jamais. Cela nous redonna courage. Nous reprîmes la course.

    Au bout d'un moment, sa destination nous apparut clairement. C'est Shirley qui s'en rendit compte.

    - Leslie! Il va vers les phares!

    Effectivement, Lucas se dirigeait vers les deux tours rouges et blanches. Il atteignit l'une d’elles mais ne s'arrêta pas pour autant. Il ouvrit la porte et entra. Elle se referma à l'instant même où nous arrivâmes. Nous dûmes batailler avec car elle ne s'ouvrit pas aussi facilement que précédemment. Enfin, nous entrâmes. Plus de trace de notre ami. Nous le cherchâmes un moment avant de supposer qu'il était tout simplement monté. Nous prîmes donc les escaliers. Nous étions en sueur. Notre course poursuite nous avait tant fatiguées que nous arrivions à peine à gravir les marches. Puis, nous atteignîmes le haut, épuisées. Lucas se tenait là, sur le bord du phare. Nous l'appelâmes mais il ne se retourna pas. Nous nous approchâmes et il avança, comme s'il nous avait senties venir. Il se trouvait maintenant à l'extrémité de la plateforme, à un endroit où le plancher s'effondrait et où il n'y avait pas de barrière.

    Soudain, tout s'accéléra. Persuadée qu'il voulait sauter dans le vide, je m'élançais pour le retenir. Ce fut une erreur fatale. En effet, au moment où j'allais le saisir par l'épaule, ma main passa à travers lui, et, emportée par mon élan, je chutais. Je vis alors ma sœur se précipiter, me tendre la main. Mais je la manquais de peu et elle se referma dans le vide. J'entendis alors un cri de terreur qui me glaça le sang. Je voulus en faire de même, mais aucun son ne sortit de ma bouche et je sombrais dans le néant. Le noir.

    A mon réveil, tout était blanc. Était-ce le paradis? Je n'en savais rien. Mes bras et mes jambes, que dis-je, tout mon corps me faisait souffrir. Un étrange bourdonnement se faisait entendre dans mes oreilles et, quand je voulus avaler ma salive, un horrible goût de sang se fit ressentir. J’essayai avec difficulté de toucher ma tête, un de mes bras étant complètement brisé. Je découvris alors une énorme bosse sanguinolente à l'arrière de mon crâne. Ce n'était pas le paradis, mais l'enfer! Et enfin, un visage tout d'abord inconnu se pencha au dessus de moi.

    - Elle est vivante! Elle a ouvert les yeux! cria cette personne.

    C'est à sa voix que je la reconnus. C'était Shirley.

    - Tout le monde a cru que tu étais morte! Les médecins pensaient que tu n'allais pas survivre, car tu étais dans un coma tellement profond...

    J'étais sous le choc, je ne pouvais pas répondre. La porte s'est ouverte et le médecin a fait son apparition.

    - Vous avez de la chance de vous en être sortie.

    Il changea ma perfusion. J'entendis ma sœur lui poser une question.

    Il proposa quelque chose à mes parents, qui sortirent. Shirley et moi étions seules dans la chambre.

    - Quand tu es… tombée. J’ai du faire croire aux ambulanciers que le plancher s’était effrité.

    - Quand je suis tombée…

    J’essaye de me rappeler du moment dont elle parle, mais je ne trouve pas.

    - Enfin, Leslie, tu es tombée du phare, tu te souviens?

    Franchement, non, je ne me souviens pas. Et j’ai beau retourner ma mémoire dans tous les sens, je ne vois pas de quoi elle parle. Ses sourcils se froncent.

    - Leslie, de quoi te rappelles-tu dans cette fameuse nuit?

    - Je te jure, je ne comprends pas… Quelle nuit? Et quel phare?!

    Le visage de ma soeur laissait supposer qu’elle était réellement inquiète. Elle finit par aller chercher le médecin, qui discutait toujours dans le couloir.

    - Elle ne se rappelle plus de rien…

    - Ce n’est pas grave. Il faut lui laisser du temps pour se rétablir.

    Du temps, j’en eus. Il se passa un mois avant que je puisse me mettre debout. Pour passer le temps, Shirley me racontait toute l’histoire, mon histoire. Un seul point restait obscur. Qui était réellement Lucas? Les habitants de l’île, venus tour à tour prendre de mes nouvelles, m’expliquèrent qu’ils n’avaient plus vu Lucas depuis l’accident. Le jour, tout allait bien, mais la nuit, un cauchemar horrible m’assaillait dès que je m’endormais. Je voyais une main, qui se refermait devant mes yeux, puis, j’entendais un cri strident qui me réveillait en sursaut.

    Après m’être rétablie, je fis ma rentrée au collège et le reste de ma scolarité se passa normalement, bien que j’aie le vertige depuis ma mésaventure.

    Ce fut lors des résultats du bac, il y a une semaine, que ce cauchemar cessa de me hanter. La nuit de lundi à mardi fut sans repos, car il revint, plus terrifiant que jamais. Le lendemain j’ai eu les résultats des examens: reçue, avec mention. Au moment de découvrir mon nom sur le panneau d’affichage, j’ai croisé le regard d’un jeune homme, non loin de moi. Il m’a fait un petit signe et m’a souri. Peut-être que j’ai rêvé, mais j’aurais juré que cette personne n’était autre que Lucas. J’espère qu’il est heureux, maintenant, où qu’il soit…  Le lendemain en revanche, je pus enfin dormir sur mes deux oreilles.

    Ma soeur est contente de savoir que je ne fais plus ce terrible cauchemar. Elle pense que je suis enfin tranquille. Elle n’a pas tort, mais je me souviendrai toujours de cet été là. Et mes cicatrices au bras me le rappelleront à jamais...


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