• Chapitre 8

    Je suis sur le bord d’une rivière. Une grue est dressée sur l’autre rive. Une cage en verre y pend. Elle est tout près de moi. Je crois que je sais ce que je vais devoir faire. Je monte dans la cage. Aussitôt, elle se referme et commence à s’enfoncer. Dans l’eau.

    Dès que je comprend que je vais me noyer, j'entreprends d’essayer de sortir de la cage. Je tente de briser le verre, mais il est trop solide. Je ne me sens pas bien. La cage plonge encore, de plus en plus profondément. Il faut à tout prix que je sorte d’ici. Je commence à paniquer.

     

    - Je veux sortir ! je crie.

     

    Puis je me dis que ce n’est certainement pas comme ça que la cage remontera. Il faut que je trouve un moyen. Je m'acharne contre la vitre, tant de fois que mes poings sont tout rouges. Et puis je remarque un point brillant dans l’obscurité. Ça vient de mon pantalon. Plus exactement, de ma ceinture. Une idée jaillit dans ma tête. Je défais ma ceinture et m’en sers pour frapper le verre. Il se casse presque instantanément. Je prend une grande respiration avant que l’eau s’engouffre dans la cage et je sors. Je me pousse de toutes mes forces vers le haut de la rivière. Et je respire à nouveau. Je sors de l’eau, m’assoit sur la terre de l’autre côté.

     

    Cet obstacle sera dur pour tout le monde, sans doute. Dans la Ville, il n'y a aucune rivière ni plan d'eau, ni piscine. Aussi, personne ne sait nager.

     

    Plus de lumière.

     

    Dans l’obstacle suivant, je suis dans une petite pièce. Une femme se tient à côté de moi, je ne la connais pas. Elle me tend un pistolet. Je le prend, mais je ne comprend pas à quoi il va pouvoir servir. Alors, elle ouvre une porte et fait entrer quatre personnes. Eux, ils ne me sont pas inconnus. Tour à tour, j’observe Kat, Elie, Lyna et Lathmee qui viennent se poster en face de moi. La femme se tourne vers moi.

     

    - Tue les, m’ordonne-t-elle.

    - Pardon ? je m’exclame.

    - Tue les, sinon tu sera éliminée du classement.

     

    Non, non, non ! Je ne peux pas tuer ceux que je considère comme ma seule famille ! Quelles possibilités ais-je ? Je peux les tuer et réussir le parcours. Ou les sauver et tout perdre. Ou alors… Oui, il y a une autre solution. Je prend mon pistolet. Je vise vers mes cousins et mes voisines. Je me concentre. Mais je me retourne brusquement au moment de tirer et la balle part vers la femme. Je tourne les yeux pour ne pas la voir tomber. Puis, je prend Kat et Elie par la main.

     

    - Suivez moi, on s’en va ! je crie.

     

    Après cet obstacle, j’en enchaîne plusieurs qui me paraissent plutôt faciles. Puis, je me retrouve au bord d’une falaise.

     

    Derrière moi, des gens armés de fusils qui crient : « Il faut l’attraper ! Elle ne doit pas s’échapper ». Ils m’encerclent de tout les côtés. Enfin, presque. Et là, je reconnais la situation. C’est ma peur. Je sais ce que je dois faire, maintenant. Je n’ai plus qu'a sauter de la falaise. Mais je suis paralysée. Je ne peux pas, je ne peux pas.

     

    - Quelle peureuse, lance un des hommes. Elle n’est pas digne de faire partie des soldats.

    - Non. Je ne suis pas une PEUREUSE !

     

    J'évalue le vide qui s'étend devant moi. C'est si profond que je n'ai aucune chance d'en sortir vivante. Les gens m'encerclent.

     

    - Saute, puisque tu n'as pas peur ! crient-ils.

     

    Enfin, je me souviens que ce n'est pas un vrai paysage, celui-ci n'est pas plus réel que les précédents. Je ne risque rien. Souffle. Je ne risque rien.

    Et tandis que je crie, je saute. En fermant les yeux.

     

    C’est bizarre, toujours pas de choc. Et effectivement, quand j’ouvre les yeux, je ne suis plus en train de tomber, mais je suis devant la porte de la Ville. Un des Dirigeants est là. Les Dirigeants sont les personnes les plus importantes de notre communauté, qui prennent toutes les grandes décisions et gouvernent Remainia. J’ai l’impression de le connaître sans vraiment arriver à savoir qui c’est. Il me désigne le portail.

    Un homme est en train de l’ouvrir. Le Dirigeant me dit :

     

    - Tu as commis un tel crime, que nous sommes obligés de t’exiler. Tu ne pourras plus jamais revenir dans la Ville.

     

    Je le regarde, sans comprendre. Exilée ? Mais je n’ai absolument rien fait ! Et puis, si c’est une peur de quelqu’un du groupe, je me demande qui peut bien avoir peur d’être exilé… Quoique. Peut-être que c’est… la personne qui m’a tailladé le ventre, ça serait bien possible.

     

    Voyant que je ne réagis pas, le Dirigeant me pousse en avant, de l’autre côté du portail. Il referme et je me retrouve seule dans le désert. Je viens d’apprendre quelque chose : Remainia est située au milieu du désert. J'ai mis le doigt sur un autre problème : ont-ils peur que nous découvrions ce qui se trouve hors de la Ville ? Sont-ils obligés, pour cela, de ne pas nous apprendre ce que cache l'extérieur ?

    Je ne comprend pas ce que je suis sensée faire. Je n’ai pas peur du désert ! Devrais-je aller supplier les gardes de me laisser rentrer ? Chercher une autre porte ? Escalader le mur ?

     

    - Non, franchement, je ne vois pas, je pense tout haut.

     

    Et d’un coup, la lumière s'éteint.

     

     

     

     

    Je suis enfin sortie de la salle. Les obstacles après le désert ne m’ont pas marquée, je m’en souviens à peine. Je passe devant Priss en l’encourageant du regard mais je continue pour me rendre dans la salle d'attente. Théo est là, à l'écart des autres. Je m’avance vers lui.

     

    - Alors, tu as bien réussi ?

    - Mmm… ouais, dit-t-il, pas particulièrement bavard.

    - J’ai un peu paniqué sur la cage qui s’enfonçait dans l’eau, mais sinon, tout s'est plutôt bien passé.

    - C’était quoi ta peur ?

    - C’était de tomber de la falaise…

    - Peur du vide, alors.

    - Oui ! Et toi ?

    - Heu… C’était l’exil.

     

     

    J’ai un moment d’hésitation. Et si, finalement, Théo était bien le fautif ? Aurait-il peur que quelqu’un découvre ce qu’il m’a fait ?


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