• Chapitre 7

    Nous restons au parc longtemps, sans rien dire, en regardant autour de nous. Le jour commence à baisser, mais je ne m’en rends pas encore compte. Quand je regarde ma montre, je sursaute. Il est presque l’heure de repartir.

     

    - Ryan, Priss, il faut qu’on y aille.

    - Oh. Dommage. Ça va me manquer. Encore, soupire Priss.

     

    Nous nous dirigeons directement vers le réfectoire. À notre table, Théo n’est pas là. Mais ça ne nous étonne pas, il n’est pas revenu depuis que nous nous sommes disputés au sujet de Gary. De toute façon, il ne me manque pas. Il est tout le temps en train de chercher le conflit, et ça ne me plaît pas. Et puis son comportement, on dirait qu’il se croit au dessus de tout. Ça m’insupporte.

    Alors que nous commençons notre entrée, Lyo s’approche de nous.

     

    - Je peux venir ? J’ai remarqué que la place était libre, alors…

    - Sans problème ! approuve Ryan. Ça nous changera de l’autre idiot qui se met en colère pour un rien.

     

    Ils rigolent. Et moi je songe qu’il n’est pas le seul à penser ça.

     

    - Alors, vous avez découvert qui a blessé Sole ?

    - Non, pas encore. On soupçonnait Gary, mais Théo s’est énervé en disant que ce n’était pas lui le coupable.

     

    Je vois alors une lueur étrange dans les yeux de Lyo. Mais il se ressaisit immédiatement.

     

    - Mais alors, Théo sait qui a fait le coup ?

    - Non. En tout cas, s’il le sait il nous a prétendu le contraire.

    - Et si c’était lui ?

    - Hum… oui, ça serait possible, il est louche depuis le début.

     

    Bizarrement, même si Théo me paraissait en effet suspect, je ne l’imagine pas du tout faire ça. Il semblait plutôt sincère, quand il m’a assuré être innocent.

     

    - Je ne pense pas, je dis. Il a essayé de me donner un conseil et quand je lui ai suggéré que c’était peut-être lui, il m’a assuré que non.

    - Et tu le crois ? demande Priss, sceptique.

    - Et bien, ouais.

     

     

     

     

    Ce matin là, Tom nous demande de nous rassembler tous dans la salle principale.

     

    - Aujourd’hui, vous allez commencer la dernière partie de votre formation. Dans la première partie, vous avez appris la pratique. Maintenant, il s’agit de voir comment vous vous débrouillez en réalité. Dans une situation concrète, en somme.

     

    Il nous fait signe de le suivre, dans les couloirs. Nous arrivons devant une porte en fer. Il l’ouvre et nous laisse entrer.

     

    La salle est circulaire, le plafond en forme de dôme au dessus de nos têtes. Toutes les parois sont recouvertes d’écrans. On se croirait dans un planétarium… Je n’en ai jamais vu, mais ma tante m’avait un jour raconté que dans une ancienne civilisation, on projetait des images du ciel dans une salle en voûte. J’ai toujours rêvé d’en voir un vrai, mais je me doute que le jour de l’examen, je n’aurais pas le droit à de simples images d’étoiles.

     

    - Ici, c’est la salle où vous allez affronter ces obstacles. Dans une petite salle de contrôle à côté, nous choisissons de vous envoyer telle ou telle situation, et nous voyons vos réactions. Les obstacles vous paraîtrons réels car ils s’afficheront partout autour de vous. Sur les murs, mais aussi sur le sol. Et c’est votre temps et votre façon d’affronter les obstacles qui joueront dans votre classement.

     

    Un garçon lève le bras.

     

    - Et comment se prépare-t-on à ça ?

    - Pendant cinq jours, vous allez vous y entraîner ici. Nous vous ferons passer un par un. Puis, le dernier jour, il y aura une épreuve finale ou vous devrez affronter non pas une situation mais plusieurs. Nous vous demanderons de nous citer une de vos peurs, nous les transformerons en obstacle. Il y aura une peur par personne mais elles seront toutes assemblées pour former un parcours que vous devrez tous affronter. C’est clair ?

     

    Tout le monde acquiesce.

     

    - Très bien. C’est parti, mettez-vous en rang, vous allez passer un par un.

     

     

     

     

    C’est aujourd’hui le grand jour. Nous allons devoir affronter le parcours d’obstacles. J’espère que ça va bien se passer, je suis inquiète. Qu’est ce qui arrivera si j’échoue, si je suis obligée de rentrer chez moi bredouille ? Si Elie meurt à cause de moi ?

     

    Nous attendons tous devant la porte du « planétarium ». C’est Sawasane qui est en train de passer. Je suis avec Priss. Aucune de nous ne parle, nous sommes toutes les deux stressées de ce qui nous est réservé derrière cette porte.

    Après un temps qui me paraît infini, Sawasane sort. Elle sourit, un sourire un peu crispé. Je me demande ce qui s’est passé, mais les autres ont l’interdiction de nous raconter après leur passage. Ils perdraient leur place, et nous aussi.

     

    - Jenner, Sole, appelle Tom.

     

    Je m’avance, entre dans la salle. Je me place au milieu. Les lumières s’éteignent.

    Puis, elle se rallument et je ne suis plus dans une simple salle. Non, je suis au milieu d’une gigantesque plaine déserte. Je vois des points noirs qui se dirigent vers moi. Quand ils se rapprochent, j’arrive à distinguer leur forme. Des araignées. Des araignées géantes. Elles s’approchent, commencent à me gratter avec leurs pattes. Puis, elles essayent de monter sur moi. Je n’ai pas d’arme, je suis obligée de les repousser avec mes mains. Je les éjecte à l’autre bout de la plaine. J’en écrase autant que je peux sous mes pieds. Mais elles reviennent toujours. Il y en a même une dans mes cheveux. Je la prend et je l’envoie plus loin. Elle s’avance à nouveau. Je commence à croire que je ne vais pas m’en débarrasser si facilement. Heureusement, je n’ai jamais eu peur des araignées. Alors je les laisse m’envahir jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une seule lumière.

     

     

    Et le paysage change.


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