• Chapitre 6

    Je me mets à courir dans les couloirs en espérant le distancer. Il me suit.

     

    - Fous-moi la paix, Théo !

     

    J'arrive à la cafétéria et je rejoins Ryan et Priss à notre table. Théo arrive deux minutes après. Il est en colère. Mais moi aussi.

    Nous mangeons en silence. L'ambiance est lourde. Puis, Ryan et Priss se mettent à parler de mon accident.

     

    - A votre avis, pourquoi cette personne t'a-t-elle lacéré le ventre ?

    - Peut-être que…

     

    Puis je me rends compte que je n'en ai aucune idée.

     

    - En tout cas, si tu n'avais pas crié, peut-être que ça aurait été pire. Tu as eu de la chance. dit Ryan.

     

    Priss le fusille du regard.

    Nous continuons à évoquer nos hypothèses, sans nous soucier de Théo, qui tire une fois de plus une mine renfrognée. Puis nous repartons vers la salle d'entraînement.

     

     

     

     

    Nous sommes à la cafétéria, personne ne parle, comme d’habitude. Sauf que cette fois-ci, c’est différent. Nous sommes tous fatigués par notre entraînement de la journée. Hier, nous avons commencé l’entraînement avec les armes. C’est plus facile que le corps à corps, du moins je trouve.

    Soudain, Ryan lance :

     

    - Alors, vous savez toujours pas pour le mystérieux agresseur de Sole ?

    - Pourquoi agresseur ? demande Théo du tac au tac. Ça pourrait très bien être une fille. On ne les connait pas assez pour savoir de quoi elles sont capables !

    - C’est vrai, je disais juste ça comme ça. C’est pas la peine de t’énerver.

    - De toute façon, je renchéris, je pense avoir une idée.

    - Ah ouais ? interroge Théo.

     

    Je désigne un gars au physique de colosse deux tables plus loin.

     

    - Il me paraît suspect.

    - C’est idiot ! crie Théo. Tu ne vas quand même pas l’accuser juste sur une intuition ! Je connais Gary depuis ma première année d'école ! Il n’aurait jamais fait de mal à une mouche ! Si c’est juste à cause du fait qu’il est grand et intimidant, tu te trompes complètement !

     

    Il se lève, fou de rage et s’en va à grands pas.

     

    - Waouh, remarque Priss. C’est bizarre qu’il soutienne que Gary est innocent. Comme s’il savait qui était le coupable.

    - Ouais, il me l’a laissé entendre, hier. Il disait un truc du genre « Tu dois te méfier de tout le monde, y compris de tes amis ».

    - Bizarre…

     

     

     

     

    Je m’améliore de plus en plus, en tir au pistolet. Je ne suis pas mauvaise au poignard et à l’arc aussi. D’ailleurs, j’ai pu constater que Priss, par rapport au combat à main nues, est nettement plus douée avec les armes. J’espère pour elle que ça lui assurera une bonne place dans le classement. C’est le dernier jour de notre entraînement avec les armes. J’espère qu’avec ça et ma victoire sur Sawasane, Billy et mon ex-æquo avec Opale, je remonte dans le classement. Mais on n’a pas le droit de savoir notre score avant la dernière épreuve.

     

    - Eh, Sole ? m’appelle Priss.

    - Oui ?

    - Tom a décidé de nous libérer un peu plus tôt aujourd‘hui.

    - Sérieux ? C’est bien la première fois.

    - Ouais ! Du coup, je me disais… On pourrait aller se balader, avec Ryan. Je connais un endroit sympa pas loin d’ici. Tom est d’accord, à condition qu’on ne rentre pas chez nous et qu’on revienne avant l’heure du repas. Alors, ça te dis ?

    - Super !

    - Je reviens, je vais prévenir Ryan.

    - Ça marche.

     

    Je les attend à la sortie. Ça me rappelle mon premier jour, quand je suis entrée et que je ne voyais rien dans cette obscurité. Maintenant, je m'y suis habituée et je me demande comment je vais supporter la lumière du soleil. Ah, les voilà.

     

    - Waouh, ça va me faire bizarre de retourner dehors ! rigole Ryan.

    - Oui, moi aussi. Si Tom ne nous avait pas interdit de rentrer chez nous - d’ailleurs, je ne sais pas pourquoi - je pense que je serais allée voir ma famille, ajoute Priss.

     

    On marche pendant un moment jusqu’à un parc que je ne connais pas, dans le quartier W. Il fait un temps magnifique. Maintenant, je regrette d’avoir choisi un métier où on ne voit pas le ciel, parce que c’est sublime. Mais je suppose qu’il va falloir que je m’y fasse. De toute façon, si je réussis à être classée dans les dix premiers, je patrouillerais dans la Ville et je ne serais plus à l’intérieur.

    Nous arrivons à un endroit où l’herbe est toute moelleuse, douce… Priss s’allonge.

     

    - J’avais un jardin, quand j’étais petite, avant de déménager, chuchote-t-elle. Chaque soir, comme je ne supportais pas d’être enfermée, je faisais mes devoir dans le jardin, assise où allongée dans l’herbe. Comme j'habitais près d'ici, je pouvais aussi aller au parc, jouer avec mes amis en rentrant de l'école. Qu’est ce que ça m’a manqué, quand je suis partie…

    - Pourquoi tu as déménagé ?

    - Parce que mon père est parti de chez nous, ma mère et lui ont divorcé. Comme ma mère à elle seule n’avait pas un salaire suffisant pour payer cette maison plus les frais quotidiens, on l’a vendue et on a acheté un appartement plus petit… et sans jardin.

     

    Dans son regard, je vois à quel point ça lui manque.

    Ryan et moi sommes allongés, nous aussi. On contemple le ciel, rêveurs. Je me souviens que quand j’avais quatre ans, je m’allongeais dans le jardin d’enfants et j’imaginais que les nuages étaient tous des choses différentes : des animaux, des objets… J'avais un jardin, moi aussi. Seulement, quand je suis partie à quatre ans chez ma tante Mara (et ensuite au foyer), j'ai dû faire sans. Autant dire que je n'en ai pas profité longtemps.


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