• Je la regarde plus attentivement et je me rends compte que c’est Opale. Opale ! Alors, nous avons tous bien été capturés par les mêmes personnes…

     

    - Toi aussi, tu es ici ? je demande.

    - Oui, il m’ont capturée après Théo.

    - Je sais, j'ai été la suivante. Mais tu sais ce qu’ils nous veulent ?

    - Et bien, il ont dit tout à l’heure que…

    - On sait ce qu’ils ont dit tout à l’heure, la coupe Théo. On était là. Par contre si tu en sais plus, on serais ravis d’être au courant nous aussi.

    - Et bien à vrai dire, vous savez que j’occupais un poste différent de vous.

     

    On hoche la tête.

     

    - Je ne devrais pas le dire, mais j’étais chargée de repérer dans la population un éventuel soulèvement, un éventuelle menace contre notre gouvernement.

    - Tu veux dire… une rébellion ?

    - Hum hum. Et donc je les soupçonne de vouloir prendre le pouvoir par la force et de se servir de nous pour combattre le reste de la Ville. Autrement dit, contre nos amis soldats, puisqu’eux doivent défendre les Dirigeants.

     

    Je lâche un cri de surprise. Il veulent que nous combattions nos amis ? Priss, Ryan, Lyo, Jim… ?

    Soudain, le garde de tout à l’heure, nous crie :

     

    - Eh, vous trois ! Je ne veux pas que vous vous mettiez ensemble. Vous croyez qu’on connaît nos ennemis, en pleine bataille ?

     

    Son discours me rappelle étrangement celui de Tom…

     

    - Ça dépend contre qui vous nous forcez à nous battre, je rétorque.

     

    Il continue sans tenir compte de ma remarque, mais je remarque qu'il a paru suspicieux.

     

    - Allez, vous vous séparez ! Toi - dit-il en me désignant - tu vas te battre contre lui - il me montre un colosse qui attend deux mètres plus loin en faisant craquer ses doigts.

     

    Il désigne les adversaires de mes amis tandis que je m’avance devant mon concurrent. Tout en pensant que si je me reçois un seul coup dans le ventre, je suis mal. Très mal.

     

     

     

     

    Le soir quand nous regagnons nos cellules, je suis épuisée. Ici, c’est bien pire que pendant ma formation. On ne peux pas s’arrêter, il faut se battre du matin au soir. Et je suis quasiment sûre qu’il n’y a pas d’infirmerie.

     

    - Alors, comment ça s’est passé ?

    - Et bien, je ne sais par quel miracle, ma blessure ne s’est pas ouverte. J’ai réussi à esquiver à chaque fois que mon adversaire visait mon ventre.

    - Mais visiblement, c’est ton œil qui a servi de souffre-douleur, ironise Théo en regardant l’œil au beurre noir dont j’ai « hérité » aujourd’hui.

    - C’est ça…

     

    Il se dirige vers son lit, s’allonge et s’endort quasiment tout de suite. Je fais de même, mais malgré mon énorme fatigue, impossible de trouver le sommeil.

    En réalité, j’ai peur. Peur de ce qui va se passer si nous sommes véritablement enrôlés de force dans une révolte. Peur pour tous nos proches, à qui nous allons sans doute faire face… Peur pour ma famille aussi. Si on se retrouve dans une véritable guerre civile, qu’adviendra-t-il de la population ?

     

    Cette nuit là, je ne pus dormir. Si bien qu’au réveil, j’avais, en plus de ma blessure à l’œil, de monstrueux cernes noirs.

    A peine Théo ouvrit la bouche pour se moquer que je lui lançai un regard assassin, de sorte qu’il se tut. Il avait intérêt. Je n’étais pas d’humeur à plaisanter.

    Ils nous firent sortir de nos cellules, comme la veille. Ils nous rassemblèrent dans la grande salle. Et nous ordonnèrent de nous battre, en faisant bien attention que mes deux amis et moi soyons séparés. Ils nous surveillèrent toute la journée pour éviter qu’on ait un seul moment où l'on puisse se parler. En y réfléchissant, je me dis que c’était peut être à cause de ma phrase de la veille qu’ils nous avaient à l’œil. Ils avaient peur que je soie au courant de leurs projets et que je démolisse tout. Alors, je n'avais rien d'autre à faire que me taire et obéir.

     

    Je m’avançai vers mon énième adversaire, une fille, cette fois. Elle me lança un regard désespéré qui me laissa entendre qu’elle ne voulait pas se battre. Mais ce fut elle qui attaqua la première. Et j’eus beau m’écarter comme je pus, son poing atterrit violemment dans mon ventre.

    Je hurlais, tandis que mon sang se déversait sur le tapis. Je vis le visage de la fille se pencher sur moi, horrifiée. Ensuite, Théo et Opale laissèrent tomber leurs combats, en dépit des menaces de gardes, et coururent vers moi.

     

     

     

     

    Je savais qu’ils n’auraient aucune pitié. Les gardes, je veux dire. Aussi, je décidais de me relever tant bien que mal.

    Opale m’aida, voyant que ma blessure était douloureuse. J’étais assise sur le tapis. Elle déchira la manche de son tee-shirt, me l’enroula autour du ventre.

     

    - Merci, murmurais-je.

     

    Les gardes arrivaient au galop.

     

    - Que se passe-t-il ?

    - Mon amie s’est ouvert le ventre…

    - Laissez-moi passer.

     

    Le garde déroule le tissu et regarde ma plaie.

     

    - Elle ne semble pas être récente, cette blessure.

     

    Non ! Je vais être obligée de lui dire que ça fait longtemps. Je ne veux pas.

     

    - Non, je mens. Je n'avais pas ça avant, je vous assure.

     

    J'espère que mes amis ont compris qu'ils ne doivent pas parler.

     

    - Bon. Tu as l’air de te remettre, de toute façon. Ça ne doit pas être trop grave.

     

    Ce n’est pas que ce n’est pas grave, mais ça, le garde ne peut pas le savoir. C’est surtout que je me contrôle pour ne pas hurler, car en réalité, la douleur est à peine supportable.

     

    - Bon. Tu vas rentrer dans ta cellule et demain ça ira mieux.

     

     

    Ça, j’en doute.


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  • J’attends le train tranquillement, ce soir là. Priss passe à côté de moi. Elle me salue et pars vers chez elle. Je lui souris et soudain, je me rappelle qu’elle voulait me dire quelque chose. Je l’appelle, mais c’est trop tard. Elle est partie. Je me rends compte que nous ne nous voyons presque plus ces derniers temps. Est-ce à cause du travail ?

    Le train arrive. Je monte dedans. Je m’assois. Le trajet passe, je suis triste et j’ignore même pourquoi. Puis, une station avant la mienne, des hommes en noir avec des masques font stopper le train. Je les regarde s’avancer vers moi.

     

    - Mademoiselle Jenner ?

    - Oui ?

    - Nous allons devoir vous demander de nous suivre.

    - Pourquoi ? Que me voulez-vous ?

    - Nous avons des ordres précis. Suivez nous, je vous prie.

    - Je ne vois pas pourquoi je vous ferais confiance. Je vais rester ici, rentrer chez moi, et vous vous ne viendrez plus m’importuner.

    - Je regrette, mademoiselle. Je vais devoir employer la force si vous ne venez pas. Mais si vous me suivez, votre famille sera peut-être épargnée.

    - Ma famille !

     

    Je rigole.

     

    - Vous ne connaissez pas ma famille !

     

    À ma grande stupeur, je le vois sortir cinq photos de sa poche. Il me les montre une par une.

     

    - Katerine Simmons. Elie Simmons. Lyna Hosteler. Lathmee Hosteler. Et Aya Walter.

     

    La première chose qui me vient à l’esprit est que l’homme a appelé ma cousine Katerine. Pourtant, je sais très bien qu’elle ne s’appelle pas comme ça. Quelque chose me paraît étrange, mais je n'arrive pas bien à savoir quoi. Puis, je le regarde, stupéfaite qu’il ait pu se procurer ces photos.

     

    - C’est d’accord, je viens. Mais ne faites rien à ma famille.

    - Nous ne vous le promettons pas.

     

    Ils m’emmènent alors et je vois le train redémarrer avant qu’ils me couvrent les yeux d’un tissu sombre.

    Ils m’obligent à avaler une sorte de comprimé, ce qui a pour effet de m’endormir pendant le trajet. Je me souviens seulement d’avoir pensé : « Ils m’enlèvent. Comme Théo, comme Opale. ».

    Je me réveille enfin, quand je sens qu’on me dépose sur un sol froid. J’ouvre les yeux. Je suis dans une pièce totalement noire, où la seule lumière provient de dessous la porte. Je n’y vois rien, dans cette obscurité. Je soupire. Je n’ai rien pu faire. Malgré le parcours d’obstacle pendant ma formation, je n’ai pas pu résister, menacer ma famille est le meilleur moyen de me faire obéir.

    Soudain, j’entends une voix provenant du fond de la pièce. Pour l’instant, ce n’est qu’un murmure, mais la voix continue de parler.

     

    - Qui est là ?

     

    Je l’entends parfaitement, maintenant. Mais je ne sais pas si je dois répondre.

     

    - Je…

    - Ils ont enfermé quelqu’un d’autre avec moi ? C’est bizarre. Quand ils m’ont fait prisonnier, ils ont pourtant laissé entendre que personne ne devait me rejoindre… Je ne dois plus leur paraître dangereux, dit l’inconnu avec une voix narquoise, voix qui me dit d'ailleurs quelque chose.

    - On est où ? je demande.

    - Dans une cellule de prison. C’est tout ce que je sais. J’ignore qui nous a fait venir, ni pourquoi. Mais comment t’appelles-tu ?

    - Hum… moi c’est Sole.

    - Sole ?! crie l’autre.

     

    Et là, je reconnais sa voix.

     

    - Théo ? Alors ils t’ont bien capturé ? je m’exclame.

    - Oui. Mais je n’ai aucune idée que qui ça peut bien être. A chaque fois qu’ils m’apportaient à manger, à chaque fois qu’ils passaient dans le couloir j’essayais de distinguer leurs visages mais je n’ai jamais réussi.

    - Je suis allée voir ta tante. Elle se demandait si ce n’était pas ceux qui t’avaient exilé une première fois qui t’avaient repéré et capturé pour te bannir à nouveau.

    - Je ne pense pas… sinon, tu ne serais pas là…

     

     

     

     

    Plusieurs jours sont passés, nous étions toujours enfermés dans notre cellule. Nous tentions sans succès de démasquer nos ravisseurs. Et c’est alors qu’un jour, quand nous commencions à nous demander si nous allions mourir là, un homme masqué nous ordonna de sortir de la cellule.

     

    - Allez, dépêchez vous, j’ai pas toute ma vie.

     

    Il nous emmena dans une immense salle où étaient installés de nombreux tapis et où des jeunes hommes et des jeunes femmes de notre âge, certains plus jeunes, peut-être, attendaient. Il nous fit signe de rejoindre les autres.

     

    - Bien. Si vous êtes ici, c’est pour vous joindre à notre armée.

     

    J’entendis des murmures parmi les gens autour de moi.

     

    - Vous allez devoir vous entraîner sans relâche jusqu’à ce que notre chef estime que nous pouvons attaquer.

    - Attaquer quoi ? demanda un des garçons de la foule.

     

    Le garde masqué ne lui répondit pas.

     

    - Et je ne veux surtout pas que vous arrêtiez de vous battre à la moindre blessure. Vous n’êtes pas chez les soldats, ici. Je ne serais pas indulgent.

     

    Théo lance alors un regard anxieux vers mon ventre. Et je réalise que c’est fichu pour moi si une seule personne le heurte. Je ne leur serais plus utile, et qui sait alors ce qui m'arrivera ? Ils me tueront sûrement…

     

    - Allez y, je veux vous voir commencer tout de suite.

     

    Théo et moi nous regardons.

     

    - On n’a qu’à se battre ensemble, comme ça je ne te ferais pas mal.

     

    J'acquiesce. Nous nous mettons en place. Alors que nous commençons, une jeune fille brune court vers nous à toute vitesse, et, pendant un instant, j’ai l’impression qu’elle va me foncer dedans.

     

     

    - Théo, Sole ! Comme je suis contente de voir enfin des gens que je connais !


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  • La tante de Théo me sourit.

     

    - Je te présente mon mari, Yan. Yan, voici Sole Jenner.

    - Enchanté, me salue-t-il.

    - Je m’appelle Aisling. Que veux-tu savoir exactement ?

    - Et bien, pour quelle raison les parents de Théo ont ils été exilés ?

    - En fait… nous même ne le savons pas. A l’époque, les Dirigeants ont dit que Bastien s’était rendu coupable d’un crime affreux, tellement affreux qu’ils ne l’ont pas révélé. Ils l'ont condamné à l'exil, lui et à sa femme. Un châtiment terrible et injustifié pour elle alors qu'elle au moins était innocente. Cependant, quand nous avons assisté à leur départ, Nelly ne cessait de répéter qu’il n'avait pas commis cette faute dont on l'accusait. J’aurais tendance à la croire, je n’imagine pas mon frère désobéir à la loi. Cependant… je ne sais pas trop quoi en penser.

     

    Je reste silencieuse. Si les Dirigeants n’ont pas dénoncé le crime de Bastien Young, c’est que ce n’était peut être pas très honnête…

     

    - Je suppose que si tu est venue nous voir, ce n’était pas pour ça, lance Yan.

    - En effet. Je m’inquiétais (arg !) pour Théo, parce que nous ne l’avons pas vu au travail aujourd’hui.

     

    Je vois la peur sur le visage d’Aisling.

     

    - Où est-il donc passé ? se demande-t-elle.

     

    Elle me sourit à nouveau.

     

    - Bon, je ne vais pas vous accaparer plus longtemps, je soupire. S'il y a du nouveau, je vous avertirais et si vous apprenez quelque chose, n’hésitez pas à venir, j’habite juste à côté!

    - Au revoir! crie la tante de mon collègue.

     

    Je retourne dans ma chambre. Aussitôt entrée, Kat m'inonde de questions.

     

    - Tu sors avec Lyo ? Lyo Land ? J’y crois pas ! hurle ma cousine.

    - Comment tu le connais ?

    - Pendant toutes mes années d'école, j'étais avec lui, je te l’ai déjà dit !

    - Et… alors ?

    - Et alors, c’était le pire gamin de toute le Centre. Il terrorisait tout le monde et j’étais sa victime préférée. Il m’appelait toujours “Katerine”, avec sa voix douce qui ne présage rien de bon. Mais qu'est ce que tu lui trouves ?

    - Eh, Kat ! Il est sympa, tu sais. Il a sans doute changé.

    - Lui, changer ? Je ne pense pas, non !

     

    Elle soupire.

     

    - Allez, Kat, c’est bon…

     

    Elle secoue la tête. Elle n’y croit pas.

     

     

     

     

    Ce matin, je vais au travail, tristement. Théo n’est pas revenu depuis quatre jours. Et je ne sais pas pourquoi JE M’EN SOUCIE AUTANT !

    J’arrive sur place, je rejoins mon groupe sans un mot. Jim me salue, il m’annonce que Lyo va être en retard. Nous commençons à patrouiller.

     

    - Eh, Sole.

    - Oui ?

    - Je… je trouve que Lyo est étrange, en ce moment…

    - Oh. Vraiment ?

    - Et bien… il me parait presque malfaisant, c’est bizarre. Dès fois, il sourit tout seul, je ne sais pas pourquoi, et à ces moments là, j’en ai presque peur… Heu… tu ne lui dira rien ?

     

    Je hoche la tête, distraite. Moi aussi, j’ai eu peur de lui sans savoir pourquoi quand il est venu chez nous.

     

    - Je vois ce que tu veux dire.

    - Sérieux ?

    - Oui. L’autre jour… et bien, je lui ai balancé un sac dans la tête. Je ne sais pas ce qui m’a pris, il m'a paru malfaisant, comme s'il cherchait à me nuire…

    Il s’apprête à dire autre chose, mais je lui fais brusquement signe que Lyo est derrière lui.

     

    - Salut ! Tout va bien ? Vous ne devriez pas être en train de travailler au lieu de comploter comme ça ? ironise-t-il.

     

    Nous nous séparons, sans que Lyo ait eu le temps de m’embrasser, ce qui n’est pas plus mal.

    Le midi, je retrouve Jane et Ryan. A peine ais-je eu le temps de m’asseoir que Ryan m’apprend :

     

    - Tu savais qu’Opale avait disparu, elle aussi ?

    - Non ?! Vraiment ?

    - Oui. Aujourd’hui, Marc le chef était bien embêté. Apparemment son travail ne peut être confié à personne d’autre. Il est sans doute secret…

    - Ça me dit rien de bon, ces disparitions…

    - A moi non plus, à vrai dire, soupire-t-il. A propos, je voulais te parler d’un truc…

    - Oui ?

    - Je trouve Lyo vraiment bizarre, ces derniers temps.

    - Ah, toi aussi...

     

     

    Il ne répond pas, mais me regarde, interrogatif. Voyant que Jane fronce les sourcils, je n’ajoute rien et je la désigne à Ryan d’un léger mouvement de tête. Il acquiesce.


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  • - Coucou ! lance Priss en arrivant.

    - Salut, je lui réponds.

     

    Gary lui adresse un signe de tête.

     

    - Sole, il faudra que je te parle.

    - Je sais, je sais. Mais on a encore le temps.

     

    Nous finissons de manger et je m’apprête à partir, quand Priss me retient.

     

    - Priss, je dois y aller.

    - Je sais. Oublie ce que je voulais te dire, on verra ça plus tard. Sauf qu’il faut peut-être que je te prévienne que Théo n’est pas là.

    - Comment ça ? Il n’a jamais été absent !

    - C’est bien ça qui est étrange. Et je crois qu’il n’était pas dans votre train, ce matin, si je me souviens bien…

    - Je ne sais plus… Mais au pire, on a dû vous attribuer un remplaçant, non ?

    - Oui, elle s’appelle Eria. Mais je m’inquiète pour Théo…

    - T’en fais pas pour lui, c’est pas un gamin, j’ironise.

     

    Puis je dis au revoir à Priss et je m’en vais. J’ai beau me forcer à ne pas y penser, la disparition de Théo me trotte dans la tête. Je décide de passer chez son oncle et sa tante après le travail. Après tout, peut-être qu’il est seulement malade.

     

    Je passe dans la chambre brièvement pour remettre à Elie les médicaments que j’ai acheté pour lui avant de rentrer. Bizarrement, Kat n’est pas là, alors qu’elle ne lâche d’habitude pas son frère des yeux. Quand je l’interroge, mon cousin me répond qu’il ne sait pas où elle est.

     

    - Bon, je vais demander à Lyna et Lathmee de te surveiller. J’ai quelque chose à faire. Même si je ne partirais pas longtemps.

     

    Je me dirige vers la chambre voisine.

     

    - Lyna ?

    - Oui ?

    - Tu pourrais garder Elie, pendant que je fais ce que j’ai à faire ? Kat n’est pas là et…

    - Oui, je l’ai vue descendre.

    - Ah bon ?

    - Oui, mais elle ne m’a pas dit ce qu’elle allait faire. Je n'ai pas insisté, ça ne me regarde pas. Enfin, bref. Je vais dans votre chambre.

    - Merci. Je ne serais pas longue, je crie en descendant les escaliers.

     

    Je me retrouve dans le hall d’entrée. Aya est assise à son bureau, comme d’habitude.

     

    - Que se passe-t-il, Sole ? Tu as l’air bien pressée.

    - A-t-on des voisins du nom de Young ?

    - Oh, non, désolée. A ma connaissance, il n’y a personne de ce nom dans le… attends. Peut être veux-tu parler des Pillor. Ils hébergent leur neveu depuis un moment déjà… Il me semble bien que son nom est Young.

    - Merci ! Où habitent-ils ?

    - C’est la maison d’en face. Celle aux volets gris.

     

    Je vois laquelle c’est. Une des rares maisons qui possède encore des volets. Je sors, pour aller leur rendre visite.

    Mais aussitôt dehors, le bruit d’une dispute se fait entendre. Les deux voix, je les reconnais bien. Kat… et Lyo ? Que fait-il ici ?

     

    - Katerine… je ne savais pas que tu étais de la famille de Sole…

    - Je ne m’appelle pas Katerine, lance l’intéressée.

    - Kat ? je demande, incrédule. Tu connais Lyo ?

    - Un peu que je le connais, ouais, répond-elle comme dégoûtée. Il était dans ma classe pendant toute ma scolarité, ou presque.

     

    Lyo acquiesce. Quand à ma cousine, elle me regarde, ébahie.

     

    - Lyo, qu’est ce que tu fais là ?

    - Je venais te voir, bien sûr.

     

    Il s’approche pour m’embrasser. Je le repousse.

     

    - Qu’est ce que tu fais là ?

    - Je viens de te le dire.

     

    Je le regarde, l’air mauvais. Pendant un instant, il m’apparaît comme dangereux, sans que je sache pourquoi. La façon dont il parle à ma cousine, peut-être. Où bien son air étrange sur le visage. Je me sens menacée.

     

    - Dégage !

    - Eh, je ne t’ai RIEN fait !

    - Pas encore. Dégage avant que je ne m’énerve.

     

    Je ne veux absolument pas qu’il se mêle de la disparition de Théo. Il ne doit surtout pas le savoir. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais je ne veux seulement pas qu’il vienne y fourrer son nez. J’attrape la première chose qui se présente, à savoir le sac plastique que Kat tient dans sa main.

     

    - Lyo. Déguerpis, ou tu te reçois ça dans la figure.

    - Et je suis sensé avoir peur ? rétorque-t-il narquois.

     

    Sans prévenir, je lui balance le sac. Il se le prend en plein visage. Sans un mot, il fait demi tour.

     

    - Merci de m’avoir débarrassée de lui, grogne Kat.

    - Pas de quoi. Il est têtu quand il veut.

     

    Kat veut me dire quelque chose, mais je lui fais signe que je n'ai pas le temps. Elle me lance un regard qui signifie « Ne crois pas que je laisse tomber cette histoire, on en discute quand tu rentres ». Puis, sans un mot elle retourne à l'intérieur. Bon. Je m’approche de la maison d’en face, je sonne. Une femme ouvre la porte.

     

    - Bonjour, je suis Sole Jenner, j’habite dans la maison d’à côté… Connaissez-vous Théo Young ?

     

    La femme sourit tristement.

     

     

    - Je suis sa tante. Malheureusement, si tu le cherches, il n’est pas ici.

    - Pas ici ?

    - Il n’est pas revenu hier. De son travail.

    - Vraiment ? Oh, non…

    - Que se passe-t-il ?

    - C’est justement ce que j’aimerais savoir.

    - Peut être qu’Ils l’ont enlevé…

    - Ils ?

    - Et bien… Théo est un Exilé.

    - J’étais au courant.

    - Et… il est revenu clandestinement dans la Ville. Peut être que les Dirigeants l’ont retrouvé et l’ont à nouveau exilé.

    - Oh ! Je pourrais connaître l’histoire exacte, s’il vous plaît ? Il m’a raconté que ses parents avaient été exilés et qu’il était né en dehors de la Ville, mais je n’en sais pas plus…

    - Bien sûr. dit-elle. Entre, je t'en prie.


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  • Ce matin là, je prend le train, comme d’habitude. Théo ne m’a plus reparlé depuis le dernier jour de la formation. Il est là, quelques sièges plus loin mais on ne s’adresse pas la parole.

    Nous arrivons au Quartier des soldats. Lyo est là, il m’attend. Quand je sors, il me prend dans ses bras et m’embrasse.

     

    - On y va ? demande-t-il. Jim doit nous attendre.

    - Heu… deux minutes. Je veux demander quelque chose à Priss.

    - Je vois. Dépêche toi.

     

    Je m’avance vers le groupe de mon amie, d’où Théo me regarde, l’air mauvais.

     

    - Sole ! s’exclame Priss.

    - Salut… Je voulais savoir… quelles sont tes horaires ? On a peut-être la pause en commun.

     

    Mais nous regardons et constatons que ma pause est en commun avec celle de Ryan. Aujourd'hui, du moins.

     

    - Il paraît que c’est Jane qui se retrouve avec nous, lance ce dernier.

    - Je vois. Bon, il faut que j’y aille. A toute à l’heure !

     

    Je retourne vers mon groupe.

     

     

     

     

    Plusieurs jours sont passés, la routine du travail commence à se mettre en place. Le lundi, je mange avec Ryan et Jane. Le mardi, avec Théo et Perrie. Le mercredi, avec Priss et Gary. Le jeudi, avec Théo et Jane et le vendredi avec Ryan et Gary. Je suis déçue. Je n’ai qu’une seule fois une pause qui coïncide avec celle de ma meilleure amie.

    Aujourd’hui, nous sommes mardi. J'appréhende un peu l’heure de midi, car Théo et moi sommes toujours fâchés. Non que cela m’attriste, mais j'avoue que ce n'est pas très agréable.

    Pendant les patrouilles, le matin, tout se passe bien. Puis, viens le moment de manger. Je me dirige vers la cafétéria.

     

    Perrie est déjà là, Priss s’apprête à partir. Elle doit avoir sa pause avant Théo. Elle me salue brièvement avant de saisir son manteau et de partir.

    Pile au moment où il arrive.

    Au début, l’ambiance est franchement glaciale et ça me rappelle les repas pendant la formation. C'est drôle, cette époque me paraît lointaine, presque brumeuse, désormais. Pourtant, ce ne fait que peu de temps. Puis, nous commençons à bavarder, Perrie et moi. Théo ne se mêle pas de la conversation.

     

    - Et donc, tu es en couple avec Lyo, interroge Perrie à un moment.

    - Hum, oui.

    - Il a l’air sympa.

    - Tu rigoles ? objecte Théo. Je n’ai jamais rencontré aussi idiot que lui. Je ne comprends même pas comment il a réussi à avoir une place dans le classement.

    - Ça va, je sais que tu ne l’aime pas, je soupire. Pas la peine de t’énerver. En plus, Perrie ne t’a rien fait.

    - Non. C’est lui qui m’a fait quelque chose.

    - Ah oui ? Quoi donc ?

    - Il… commence-t-il, avant de se raviser. Non rien.

    - Quoi ?

    - Oh, c’est bon, lâche moi !

    - Pas de problème. De tout façon, je me fiche bien de ton avis.

    - Eh, Théo. Elle ne t’a absolument rien fait, c’est toi qui cherche les embrouilles, intervient Perrie.

    - Tais toi ! J'en ai assez, si à toutes les pauses on se dispute comme ça, je vais demander à changer d’emploi du temps !

    - Et ben tant mieux ! je crie. Comme ça, on sera enfin débarrassés de toi !

     

    Je prend mes affaires et je retourne dans notre zone de patrouille. Tout l’après-midi, je suis d’humeur exécrable. Je me défoule sur Jim et Lyo, qui ne m’ont pourtant rien fait et quand ce dernier essaie de m’embrasser, je me dérobe et lui colle une gifle. Il ne comprend pas tout de suite que ce n’est pas à cause de lui, puisqu’il me demande :

     

    - Qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce que je t’ai fait ?

    - Rien, désolée. Mais j’ai parlé avec Théo ce midi.

    - Il t’a dit quoi ? tressaillit Lyo, en faisant une tête bizarre pendant une fraction de seconde.

    - Il a laissé entendre qu’il ne t’aimait pas, que tu étais le type le plus stupide de la création et quand j’ai osé lui dire que tu ne lui avais rien fait, il a rétorqué que si, tu lui avais fait quelque chose. Mais il a refusé d’en dire plus.

     

    Je ne peux pas le jurer, mais je croirais voir une lueur de soulagement dans les yeux de Lyo.

     

    - Il ment. Je ne lui ai rien fait !

    - Je me doute, mais ce n’est pas son avis.

     

    Ce soir là, quand je rentre chez moi, j’évite encore Théo dans le train. Il vaut mieux, parce que je ne sais pas ce que je serais capable de lui faire après notre dispute de ce midi… Et le fait qu’il haïsse Lyo à tort n’est pas une circonstance atténuante.

     

     

     

     

    Je sors du train. J’essaye de ne pas penser à l’absence de Théo à notre station. Priss m’arrête avant que je rejoigne les autres.

     

    - Eh, je voulais te dire… J’ai vu Lyo ce matin…

    - Priss… on mange ensemble ce midi. Donc si tu pouvais me parler à ce moment là, ça serait mieux, parce que je vais encore être en retard…

    - Oups, oui. Au fait, Théo était dans ton train ? Parce qu’il n’est toujours pas…

     

    Je n’entends pas la suite, pressée de retrouver Lyo et Jim.

    Nous n’avons aucun ennui pendant les patrouilles, si ce n’est un vélo qui a foncé dans un piéton. Je vois arriver l’heure du repas avec soulagement. Il fait trop chaud, j’ai soif.

     

    Je salue brièvement Gary quand j’arrive au réfectoire, puis je m'installe avec lui en attendant mon amie.


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